Camps de concentration

Les camps de concentration ont pris essor en 2014 quand le président Xi Jinping a déclaré qu’il lançait une « guerre populaire contre le terrorisme » en Chine. En fait, après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, le gouvernement chinois s’est servi de cette rhétorique mondiale pour réprimer les Ouïghours, qui sont principalement de confession musulmane sunnite [1]. Cette répression a atteint son summum depuis que le fonctionnaire du gouvernement chinois, Chen Quanguo, a été transféré de la région autonome du Tibet vers le Turkistan Oriental en août 2016 [2]. Il a mis sur pied un programme intensif de contrôle et de haute surveillance artificielle ciblant l'identité musulmane et la culture des Ouïghours. Depuis le lancement de cette nouvelle campagne, Xi Jinping qualifie le peuple ouïghour de « terroriste » qui doit être interné et « rééduqué » pour assurer la sécurité nationale de la Chine. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé qu’ils prenaient simplement des « mesures de dé-extrémisme » pour prévenir le « terrorisme » et « l’extrémisme religieux ». Présentement, jusqu'à trois millions d’Ouïghours et d'autres musulmans se retrouvent dans les plus de 1000 camps de concentration.

Les Ouïghours sont accusés par le gouvernement chinois d’être des « terroristes ». Depuis la fin de l’année 2016, les Ouïghours sont systématiquement mis à l'écart, ou, en d’autres termes, isolés. Il a également été rapporté que plus de trois millions d’Ouïghours seraient confinés dans des camps de concentration au Turkistan oriental. Pékin prétend que les camps de concentration sont plutôt des « camps de rééducation » et des « centres de formation professionnelle » visant à nettoyer les « idées terroristes » du peuple ouïghour et à les « réintégrer dans la société ».

Emprisonnés dans ces camps, les détenus sont obligés de mémoriser l’hymne national chinois, de regarder des documentaires de propagande chinoise, puis de répéter des slogans remerciant le Parti communiste chinois et le président chinois Xi Jinping. Ils doivent également apprendre le mandarin s’ils ne parlent pas déjà la langue. Ils sont fréquemment testés à ce sujet et s’ils échouent, ils sont soumis à des sanctions. Les prisonniers sont également contraints de renoncer publiquement à leur propre identité culturelle et religieuse, en admettant que ce fût une « erreur » de porter le hijab, de prier, de lire le Coran, de faire pousser la barbe de façon « anormale », etc. [3]. De plus, les détenus de camps de concentration doivent obligatoirement prendre des médicaments connues et sont forcés de travailler dans des conditions inhumaines. Les détenus sont aussi soumis à plusieurs violations de leur dignité telles que la stérilisation involontaire, la collecte de données biométriques, la torture, l’agression sexuelle, la torture physique, ainsi que la torture mentale qui entraînent la mort de nombreux prisonniers de camps de concentration.

Depuis l’apparition des camps de concentration, des millions d’Ouïghours et d'autres musulmans du Turkistan oriental sont envoyés dans ces nouveaux « centres de formation à l'éducation et à la transformation » ou dans des « écoles de formation à la lutte contre la radicalisation ». Ils doivent y rester indéfiniment, loin de leur famille, pour « désapprendre » leurs idéologies religieuses.

D’ailleurs, trois documents officiels du gouvernement chinois confirmant la répression brutale contre les Ouïghours ont été divulgués. Ils dévoilent que ces camps sont, en effet, des camps de concentration - et non des «camps de rééducation». Le premier est un document officiel chinois de 400 pages dévoilé par le New York Times dans lequel le président chinois, Xi Jinping, rapporte qu'il « ne montrerait absolument aucune pitié » aux Ouïghours [4]. Le second document est un « secret d’État ». Il démontre le déploiement des camps de détention et révèle le lien entre la surveillance de masse des Ouïghours et les camps de concentration [5]. Le troisième document officiel divulgué montre comment les Ouïghours sont sélectionnés pour les camps de concentration. Ce tableau de données de 137 pages répertorie des informations détaillées sur plus de 300 détenus et plus de 2 000 parents, amis et même voisins de détenus [6].

Références

[1] Gilles, S. (2019, November 25). Secret documents reveal inner workings of China’s mass detention camps for Uyghurs, other minorities. Retrieved from https://www.theglobeandmail.com/world/article-secret-documents-reveal-how-china-mass-detention-camps-work-2/

[2] Ibid

[3] Greer, T. (2018, September 13). 48 Ways to Get Sent to a Chinese Concentration Camp. Retrieved fromhttps://foreignpolicy.com/2018/09/13/48-ways-to-get-sent-to-a-chinese-concentration-camp/

[4] Kuo, L. (2019, November 17). ‘Show no mercy’: Leaked documents reveal details of China’s Xinjiang detentions. Retrieved fromhttps://www.theguardian.com/world/2019/nov/17/show-no-mercy-leaked-documents-reveal-details-of-chinas-mass-xinjiang-detentions

[5] ICIJ. (2019, November 24). Read the China Cables Documents. Retrieved fromhttps://www.icij.org/investigations/china-cables/read-the-china-cables-documents/

[6] Tellman, V., & Petersmann, S. (2020, February 17). Exclusive: New evidence of China's arbitrary oppression of the Uighurs. Retrieved fromhttps://www.dw.com/en/exclusive-new-evidence-of-chinas-arbitrary-oppression-of-the-uighurs/a-52409797

Previous
Previous

Mosquées démolies et cimetières anéantis

Next
Next

Intellectuels ouïghours détenus