Prélèvement d'organes ouïghours

Il est bien connu que la Chine a certains des plus grands programmes de transplantation d'organes au monde. C'est une industrie de plusieurs milliards de dollars. La Chine compte environ 90 000 greffes d’organes par année avec un temps d'attente de seulement quelques semaines. Ils ont même des options d'organes de secours (back-up organs). Absolument aucun pays ne peut s'approcher de fournir un service similaire. Certains sites Web officiels d'hôpitaux chinois annoncent qu'ils sont en mesure de fournir des organes compatibles dans un délai d'une à deux semaines, et dans certains cas, même en 72 heures, ce qui est ridiculement court. D'autres pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont un temps d'attente d'environ trois à quatre ans [1].

Norman L. Epstein, médecin urgentiste à Toronto, Canada, et président international du Student Action Committee for End Transplant Abuse in China (ETAC) explique que « cela devrait être un exploit impossible, étant donné que personne ne sait à l'avance d'un organe sain à transplanter jusqu'à la mort subite d'un donneur sain, et ce en quelques heures seulement. Cela ne pourrait être possible que s'il y avait un réservoir de donneurs vivants en bonne santé, ce que, encore une fois, la Chine n'a pas » (traduction libre) [2].

La question est donc de savoir d'où viennent tous ces organes facilement disponibles pour la transplantation ? En fait, cela ne peut s'expliquer que par la « récolte » des organes des prisonniers politiques et les détenus des camps de concentration par le gouvernement chinois. Cela inclut des membres du Falun Gong, ainsi que des Ouïghours, Tibétains et sectes chrétiennes [3]. À partir de 2000, les pratiquants de Falun Gong ont été rassemblés dans des camps de travail et de détention, ont subi des examens physiques et ont été soumis à des tests sanguins et tissulaires, ce qui sont nécessaires à des fins de dons d'organes [4]. Ces expériences sont très similaires à celles que subissent les détenus ouïghours des camps de concentration et de travail forcé. David Matas, un avocat international des droits de la personne basé à Winnipeg, Canada et co-auteur avec David Kilgour sur les abus de greffes d'organes en Chine, a déclaré que « les pratiquants de Falun Gong et les Ouïghours sont balayés des rues et placés en détention arbitraire pour lavage de cerveau, abjuration et expressions de soutien au gouvernement chinois. C'est un objectif. Mais ce n'est pas le seul but. Ceux qui refusent de succomber sont soumis aux travaux forcés puis tués pour leurs organes. L’esclavage et le prélèvement d’organes sont aussi des fins » (traduction libre) [5].

Le prélèvement d'organes sur les Ouïghours est en fait antérieur à celui des pratiquants de Falun Gong qui a commencé en 2001 [6]. David Kilgour, ancien député canadien, avocat, auteur et militant, explique : « En 1995, un chirurgien général ouïghour d'un hôpital d'Urumqi, la capitale, a reçu l'ordre de se rendre sur un terrain d'exécution pour retirer les reins et le foie d'un homme blessé, mais toujours vivant. Plus tard, angoissé par ce qu'il avait fait, il a fui la Chine. En 1998, cinq fonctionnaires du gouvernement chinois souffrant de problèmes d'organes se sont rendus dans un hôpital d'Urumqi. Un policier ouïghour de la ville, actuellement en exil, a été envoyé dans l'aile des prisonniers politiques de la prison locale pour obtenir des échantillons de sang de prisonniers ouïghours. Il a appris qu'une fois qu'un groupe sanguin correspondant avait été trouvé, l'appariement des tissus était alors terminé avant que les « donneurs » ne reçoivent une balle dans le côté droit de leur poitrine. Les cinq fonctionnaires sont repartis avec leurs organes nouvellement obtenus » (traduction libre) [7].

Un indicateur du prélèvement d'organes par Pékin est que chaque Ouïghour du Turkistan oriental a subi une série d'examens physiques tels que des tests sanguins et des tests ADN, entre autres. Le sang et l'ADN sont en effet nécessaires à l'appariement des tissus pour les transferts d'organes. Un autre indicateur est que le gouvernement chinois empêche les Ouïghours de voir les membres de leur famille décédés qui se trouvaient dans les camps de concentration. Cela peut signifier que leurs organes ont été pillés avant leur mort. D'autres signes de prélèvement d'organes ouïghours incluent le voyage de touristes transplantés dans le Turkistan oriental, le mouvement d'organes hors de la région (avec des panneaux et des voies spécifiques dans les aéroports), l'épuisement de la source d'organes des pratiquants de Falun Gong et le mystérieux disparitions et morts inexpliquées de Ouïghours [8]. De plus, un témoin qui est une femme chinoise identifiée comme Mme Aili a déclaré qu'elle avait vu le prélèvement d'organes vivants sur des Ouïghours réticents [9]. Ils ont été tués afin de satisfaire la demande des acheteurs saoudiens qui voulaient des « organes Halal » (même si cette pratique illégale est interdite en Islam). On a dit à Mme Aili que le temps d'attente pour trouver et recevoir un organe compatible était d’un à six mois.

« La Chine a admis pour la première fois avoir utilisé des prisonniers comme donneurs en 2005, et a promis de mettre fin à la pratique en 2013, à nouveau en 2014, avant de dire que la pratique a pris fin en 2015 » (traduction libre) [10]. Cependant, le gouvernement chinois a falsifié le nombre de dons d'organes. Une étude menée par un doctorant du Australian National University, Matthew Robertson, a montré dans ses recherches la preuve de la falsification des ensembles de données fournis par Pékin sur les dons d'organes en Chine. En fait, il a été constaté que le nombre d'organes transplantés correspondait presque parfaitement à une formule mathématique : la fonction quadratique [11]. Robertson déclare que « lorsque vous examinez de près le nombre d'organes apparemment collectés, ils correspondent presque à cette équation artificielle point par point, année après année. Ils sont trop beaux pour être vrais » (traduction libre) [12]. En fait, tout cela est destiné à masquer l'utilisation continue d'organes « prélevés » provenant de donneurs non volontaires. On estime que 60 000 à 100 000 greffes proviennent des organes des victimes chaque année [13]. Des organisations de droits humains, des chercheurs et des institutions politiques ont présenté des preuves que les pratiquants de Falun Gong, les Ouïghours et d'autres prisonniers politiques étaient utilisés comme « banque d'organes » [14]. Cependant, le gouvernement chinois continue de nier cela.

 

Références

[1] Epstein, Norman. (December 16, 2019). We must speak up for the victims of organ transplants. Récupéré de https://www.cjnews.com/perspectives/features/epstein-we-must-speak-up-for-the-victims-of-organ-transplants

[2] Ibid

[3] Bulka, Reuven (July 5, 2019). China still harvests organs from prisoners – and the world does little to stop it. Récupéré de https://ottawacitizen.com/opinion/columnists/bulka-china-still-harvests-organs-from-prisoners-and-the-world-does-little-to-stop-it

[4]  Epstein, Norman. (December 16, 2019). We must speak up for the victims of organ transplants. Récupéré de https://www.cjnews.com/perspectives/features/epstein-we-must-speak-up-for-the-victims-of-organ-transplants

[5] Matas, David. (December 10, 2019). Legal Options to combat organ transplant abuse in China. Récupéré de http://www.david-kilgour.com/2019/DavidMatas_Brussel_Dec10,2019.pdf

[6] Kilgour, David. (December 10, 2019). Ongoing nightmare for Uyghurs and other Muslims in Xinjiang. Récupéré de http://david-kilgour.com/2019/DavidKigour_Brussels_Uyghurs_Dec12,2019.pdf

[7] Ibid

[8] Ibid

[9] Everington, Keoni. (January 22, 2020). Saudis allegedly buy 'Halal organs' from 'slaughtered' Xinjiang Muslims. Récupéré de https://www.taiwannews.com.tw/en/news/3862578

[10] Doherty, Ben (November 14, 2019). Chinese government may have falsified organ donation numbers, study says. Récupéré de https://www.theguardian.com/world/2019/nov/15/chinese-government-may-have-falsified-organ-donation-numbers-study-says

[11] Ibid

[12] Ibid

[13] Epstein, Norman. (December 16, 2019). We must speak up for the victims of organ transplants. Récupéré de https://www.cjnews.com/perspectives/features/epstein-we-must-speak-up-for-the-victims-of-organ-transplants

[14] Robertson, Matthew., Hinde, Raymond., Lavee, Jacob. (November 14, 2019). Analysis of official deceased organ donation data casts doubt on the credibility of China’s organ transplant reform. Récupéré de https://bmcmedethics.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12910-019-0406-6

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